Walter Schirra, une occasion en or

Walter Schirra avait un faible pour les très belles voitures de sport étrangères, notamment les Maserati. Un jour Grissom lui dit : « Wally, il y a un gars en Floride qui vend une Maserati, quasiment neuve, pour 1000 dollars. Tu penses que c’est une bonne affaire ? »

Schirra lui répond : « Tu es malade, une voiture comme ça vaut au moins 5000 dollars ! Appelle-le tout de suite et achète-la ! »

Grissom : « Non, pas de précipitation, je pense que je vais pouvoir négocier et l’avoir pour 500 dollars ! »

Schirra, hors de lui : « Tu es fou, n’attends pas, achète la tout de suite pour 1000 dollars !« 

Grissom : « Je dois y réfléchir ! »

Tous les jours Walter Schirra lui demande s’il a acheté la voiture, et Grissom répond invariablement : « Je suis encore en négociation ». L’indécision de Grissom le met hors de lui, comment hésiter devant une occasion pareille !

Deux semaines plus tard, Grissom demande à Schirra s’il peut l’accompagner, car il va essayer la voiture et il veut son avis de connaisseur. Ils rencontrent le propriétaire et son bolide, effectivement, la Maserati n’a que quelques centaines de kilomètres, elle est comme neuve.

« Achète-là » supplia Schirra

« Je ne sais pas, j’hésite, il faut que j’y réfléchisse encore ! » Schirra est complètement hystérique…

Quelques jours plus tard, Grissom appelle Schirra pour lui dire qu’un concessionnaire de Miami veut acheter la voiture. Que doit-il faire ?

Aussitôt, Walter Schirra appelle le concessionnaire pour lui dire que la voiture est réservée, il parle tellement vite, et semble si surexcité, que son interlocuteur finit par éclater de rire… Schirra vient de comprendre, il s’est fait avoir ! Gotcha !

Toute cette mise en scène a été organisée avec la complicité de Jim Rathman, qui avait un ami qui possédait une Maserati toute neuve, et un ami concessionnaire à Miami.

Il faut lire entre les lignes

Après l’accident d’Apollo 1, l’administrateur de la NASA, James Webb, fit une déclaration pour le moins «prophétique», devant la commission d’enquête du Sénat.

Alors qu’il commentait l’assignation de Walter Schirra comme commandant de la mission Apollo 7, il affirma : 

« Il sera le seul astronaute à voler sur trois générations de vaisseaux spatiaux, Mercury, Gemini et Apollo ».

Il s’agissait probablement d’une remarque innocente, rendant hommage à tout ce que Walter Schirra a apporté au programme spatial, mais pour certains, cette phrase a sonné comme si le sort de l’astronaute Gordon Cooper, avait déjà été scellé.

En effet Gordon Cooper ne volera plus, lui qui avait tant espéré commander une mission lunaire…  

Walter Schirra a un rhume « carabiné »

C’est au deuxième jour de la mission, que Walter Schirra, le commandant de la mission Apollo VII, se réveille avec un rhume carabiné, résultat d’une partie de chasse au canard effectuée trois jours avant le lancement, qui s’est terminée sous une pluie battante.

La visite médicale qui précède le vol l’avait déclaré apte.

Schirra souffre de légères céphalées, de courbatures mais n’a pas de fièvre. « Très vite le confortable vaisseau spatial a été transformé en boîte à Kleenex usagés», selon les termes de  Walter Cunningham. Il fait part de son état de santé au Centre de Contrôle et demande s’il peut prendre un antibiotique, le médecin lui recommande de commencer plutôt par un décongestionnant nasal, en l’occurrence… de l’Actifed.

La trousse à pharmacie du bord renferme 24 comprimés de 60 mg d’Actifed, la totalité du stock sera utilisé. Pour les missions Apollo suivantes le stock sera porté à 60 comprimés !

Par ailleurs, 48 comprimés d’aspirine sur les 72 seront utilisés.

Walter Schirra est le « premier malade dans l’espace » du programme spatial américain. Le « mal de l’espace » ou « syndrome d’adaptation à l’impesanteur » n’étant pas une maladie à proprement parler.

24 heures plus tard Donn Eisele et Walter Cunningham présenteront les mêmes symptômes, mais à un degré bien moindre.

De l’Actifed sera également prescrit lors des missions Apollo IX (12 comprimés sur 60), Apollo X (2/60), Apollo XII (18/60), et Apollo 17 (1/60)

Ainsi au début des années 80, le laboratoire pharmaceutique qui commercialise l’Actifed  fera appel aux astronautes Walter Schirra et Donn Eisele, ainsi qu’aux astronautes d’Apollo XII, Richard Gordon et Alan Bean, pour des spots publicitaires. (A voir sur http://www.youtube.com)

Ces petits problèmes de santé auront des répercussions sur « l’ambiance » de la mission, mais ça c’est une autre histoire, qui fera l’objet d’une prochaine anecdote.

Walter Schirra Apollo VII

On voit clairement sur cette photo, que Schirra n’est pas au mieux de sa forme !