Apollo 7, un bon café bien chaud

Après la mort des trois astronautes d’Apollo 1, le comportement de Walter Schirra changea du tout au tout. Christopher Kraft le décrit désormais comme emporté et très irascible, il se plaint tout le temps, à propos de tout et n’importe quoi…

Ainsi, par exemple, il avait décidé qu’il fallait inclure du café dans les provisions de bord de sa dernière mission, Apollo 7… Devant la fin de non-recevoir qu’on lui opposa,  il aboya :
« Vous demandez à un gars de la marine de se passer de café ? »

Opiniâtre,  il fit valoir son point de vue jusqu’au sommet de la hiérarchie, ainsi lors d’une conférence au sommet à Houston, où étaient réunis quelques-uns des hauts responsables de la NASA, il s’arrangea pour qu’il n’y ait pas de café, sur le chariot à boissons, pendant la pause.

L’absence de ce breuvage stimulant ne manqua pas de soulever des protestations, Walter Schirra se leva alors et dit : « Messieurs, puisque vous avez décrété que l’équipage d’Apollo 7 ne serait pas autorisé à boire du café pendant la mission, j’ai pensé que vous pourriez vous en passer au moins une journée ». ( La mission Apollo 7 doit durer plus de 10 jours !)

C’est ainsi que tous rallièrent sa cause, et qu’ Apollo 7 devint la première mission spatiale américaine, au cours de laquelle l’équipage put boire du café chaud !

Les piles à combustible qui produisent l’électricité fournissent également de l’eau à 68°C.

Je vois le Père Noël…

Alors que nous sommes à 9 jours de Noël, Walter Schirra et Thomas Stafford sont dans l’espace à bord de Gemini VI A, ils se préparent pour leur retour sur Terre lorsque les astronautes appellent Houston :

« Ici Gemini 6. Nous voyons un objet qui ressemble à un satellite, il se dirige du nord au sud sur une orbite polaire… J’aperçoit un module de commande et 8 plus petits modules devant… Il se déplace sur une trajectoire très basse… on dirait qu’il ne va pas tarder a entrer dans l’atmosphère. Attendez… on dirait qu’il nous fait des signes…Le pilote du module de commande porte une combinaison rouge… »

Les contrôleurs de vols sont abasourdis, chacun se regarde la bouche ouverte, lorsqu’ils éclatent de rire en entendant la musique de « Vive le vent » (Jingle Bells) joué sur un harmonica et le vrai son des clochettes de Noël !

Le CapCom Eliott See leur lancera : « Vous êtes vraiment trop les gars ! »

Walter « Wally » Schirra avait emmené ces deux instruments spécialement pour cette petite blague…

Stafford et Schirra se sont entraînés en toute discrétion deux ou trois fois avant le vol, et resterons pour la postérité les premiers à avoir joué d’un instrument de musique dans l’espace !

L’harmonica de marque Hohner et les six grelots sont exposés au National Air and Space Museum de Washington D.C

La définition du terme « rendez-vous » !

Le 12 aout 1962, les soviétiques annoncent le premier rendez-vous spatial, entre deux vaisseaux habités de l’Histoire.

En réalité Vostok 3 et Vostok 4 n’étaient pas sur la même orbite et ne se sont jamais approchés à moins de 8 km l’un de l’autre.

Le 16 juin 1963, Vostok 5 et Vostok 6 ne font guère mieux (c’est une façon de parler !).

Le 15 décembre 1965, Gemini 6A piloté par Walter Schirra et Thomas Stafford s’approchent à moins d’un mètre de Gemini 7 (Frank Borman – James Lovell), réalisant ainsi le premier vrai rendez-vous spatial.

Les deux vaisseaux voleront en formation pendant un peu plus de 5 heures.

Schirra dira plus tard : « Vous ai-je dit ce qu’était exactement un rendez-vous ? Lorsqu’un garçon voit une belle fille sur le trottoir d’en face et lui fait signe, ce n’est pas un rendez-vous, c’est une rencontre distante et éphémère. S’il traverse la rue et arrive à lui chuchoter quelques mots à l’oreille, ça c’est un rendez-vous ! »