Apollo 11 a failli être percuté par l’hélicoptère « Swim 1 », qui a tout juste eu le temps de manœuvrer pour éviter la collision. Cela s’est joué à trois ou quatre secondes.
C’est le système de localisation SARAH (Search and Rescue and Homing system – Système de recherche et sauvetage et localisation) qui fut utilisé par les hélicoptères du HS-4 (Helicopter anti-submarine Squadron 4) pour localiser les modules de commande (CM) Apollo.
La radiobalise du CM est automatiquement activée, juste après la libération des parachutes de stabilisation vers 7 000 mètres d’altitude. Elle émet à la fréquence de 243 MHz qui est celle dévolue aux aéronefs militaires en détresse.
A l’altitude de 3 000 mètres, lorsque les parachutes principaux sont déployés, il reste environ 5 minutes avant le contact avec l’océan. C’est le temps imparti pour localiser visuellement le CM.
Sachant que plus il s’approche de la surface de l’eau, plus la portée de la balise décroit (environ 8 km lorsque le CM a amerri).
Par ailleurs, si le CM se retourne dans l’eau (stable two position – c. à d. bouclier ablatif vers le haut. Cf photo ci-dessous) la balise est immergée et reste « inaudible ». Le gonflage des trois ballons, qui permettent de redresser la vaisseau spatial (stable one position), prend entre 6 et 7 minutes.
Apollo 11 touche l’eau à 05:49 heure locale, et se « renverse » en raison d’un décrochage tardif des parachutes, et un océan houleux. A 05:56 le CM est « redressé »
Deux hélicoptères Sikorsky HS-3 Sea King, dont les indicatifs sont Swim One (#53) et Swim Two (#64) foncent vers la cible à plus de 250 km/h.
Les deux hélicoptères sont initialement positionnés à une vingtaine de kilomètres du point d’amerrissage prévu. Le premier en amont, et l’autre en aval du corridor de rentrée du module de commande, à quelque 1 500 mètres d’altitude.
Swim One, le plus proche du CM d’ Apollo 11, est piloté par le capitaine de frégate (Commander) Donald G. Richmond, avec le lieutenant de vaisseau William Wesley « Bill » Strawn comme copilote.
L’opérateur du système SARAH, à l’arrière, lui indique la direction à suivre ; « Un peu plus à droite, monsieur. », « Tout droit, c’est parfait comme cela, monsieur. », car devant lui, sur un moniteur, le technicien doit garder le pic du signal au centre de l’écran. Mais ce système, fourni par la NASA, est incapable de calculer à quelle distance se trouve la cible.
Les conditions météo, et l’alignement des antennes type Yagi (antenne râteau), installées sur les côtés droit et gauche de l’hélicoptère, peuvent également avoir une incidence sur la « force » du signal.
Dans chaque hélicoptère, outre deux pilotes et deux membres d’équipage, il y a trois nageurs de combat issus des unités d’élite UDT (Underwater Demolition Team – équipe de démolition sous-marine), dont le rôle est de sécuriser le module de commande après l’amerrissage, et permettre l’extraction des astronautes.
Normalement, le premier sur les lieux, déploie son équipe, sur ordre du responsable du détachement, qui se trouve dans le légendaire hélicoptère # 66 Recovery One, l’autre restant en attente, en soutien, prêt à intervenir en cas de besoin.
Le temps est couvert. Alors que l’hélicoptère émerge d’un nuage, à environ 250 mètres d’altitude, Donald Richmond pousse un cri, ou plutôt un juron, devant lui a surgi le module de commande d’ Apollo 11, Columbia.
Avec ses trois parachutes de 25 mètres de diamètre chacun, l’ensemble, avec les suspentes, fait environ 45 de mètres de long et plus de 60 mètres de large au niveau des corolles.
Il a tout juste le temps de manœuvrer pour éviter la collision. Cela s’est joué à trois ou quatre secondes…
« Swim One », l’hélicoptère # 53, arrive le premier sur la « cible », ici en phase de redressement… Et pourtant c’est « Swim Two » qui effectuera la sécurisation de Columbia, le module de commande d’ Apollo 11… Mais ça, c’est une autre histoire… On aperçoit en bas à gauche les parachutes en train de couler. La photo a été prise depuis l’hélicoptère #70 dont l’indicatif est « Photo ».