Face au développement de la philatélie, qui s’appelait autrefois la timbrologie, les administrations postales ont eu l’idée de créer des enveloppes sur lesquelles un nouveau timbre est oblitéré avec un cachet spécial pour commémorer le jour de sa sortie, ainsi que des enveloppes oblitérées le jour même d’un événement historique.
L’enveloppe présente souvent un dessin, une illustration, voire même peut comporter un échantillon, en sus des informations pertinentes sur l’événement en question.
L’astrophilatélie est la spécialité qui concerne l’histoire de l’exploration de l’espace.
Il ne faut pas confondre l’enveloppe dite « premier jour » ou FDC pour First Day Cover, avec l’enveloppe dite « événementielle », Event Cover.
Il existe également une autre variante, les Insurance Covers, ces enveloppes signées par les astronautes avant leur mission, qui auraient été vendues au profit de leur famille s’ils avaient péri en mission. Compte tenu de la dangerosité de leur métier, aucune compagnie d’assurance ne leur a jamais permis de souscrire une police sur la vie digne de ce nom. L’autographe d’un astronaute décédé ayant à l’évidence une côte bien supérieure, d’autant plus si cette signature figure sur un document en lien avec la mission spatiale qui lui a coûté la vie.
Le lieu où l’oblitération a été effectuée est bien évidemment également très important. Une enveloppe oblitérée sur la Lune par exemple, ou en utilisant de l’encre et un tampon ayant fait le voyage sur la surface de la Lune, a une très grande valeur. De même, il est important de savoir si le cachet a été apposé manuellement, ou avec une machine à affranchir.
Et bien sûr, le point fondamental : l’enveloppe a t-elle été dans l’espace, autour de la Lune, ou sur la Lune ? La NASA ayant autorisé l’emport d’enveloppes et de timbres à bord de ses vaisseaux spatiaux, ce qui a donné lieu à des abus, le plus connu étant celui qui a concerné les astronautes de la mission Apollo 15.
Ces enveloppes, lorsque signées par une ou plusieurs personnalités en relation avec ledit événement, peuvent atteindre des sommes considérables. Comme il est très facile d’imiter une signature, des collectionneurs moyennement avertis peuvent aisément se faire avoir par des aigrefins, et avec l’avènement de l’internet les escroqueries sont nombreuses. De nombreux cachets ont aussi été contrefaits…
Entre appât du gain, la philatélie pouvant s’avérer un business extrêmement lucratif, valorisation narcissique de ceux qui exhibent leur collection sur l’internet, ou férus d’Histoire, les motivations des collectionneurs sont aussi diverses que variées…
Pour Apollo 11 par exemple, la mission la plus suivie, l’aboutissement du programme Apollo, les astrophilatélistes se ruèrent sur l’occasion, alors que l’on s’attendait à des chiffres compris entre 70 000 et 100 000 pour la seule date de l’amerrissage, ce sont en réalité quelque 250 000 demandes qui durent être traitées par le vaguemestre du navire de récupération principal, le porte-avions USS Hornet (CVS 12).
John C. Varley a dû s’entourer d’une équipe de 25 volontaires pour réaliser cette tâche qui a nécessité 52,5 heures.
Au départ de Pearl Harbor, le 12 juillet, le Terminal Navy Post Office (TNPO) a remis environ 50 000 enveloppes pré-cachetées prêtes à être oblitérées. Entre le 21 et le 23 juillet, le Hornet a reçu plus de 200 000 enveloppes par la voie postale traditionnelle, adressées à « Vaguemestre USS Hornet ». Ouvrir le courrier, apposer le cachet et l’oblitérer fut une tâche monumentale, d’autant qu’un seul cachet était disponible… Pour les missions suivantes cinq cachets furent fournis.
« Le Hornet a certainement oblitéré plus d’enveloppes ce jour-là, que n’importe quel navire ne l’a fait dans toute l’Histoire ».
Parmi ces enveloppes, six avaient été pré-signées par les trois astronautes.
C’est le « pacha » de l’ USS Hornet, Carl Joseph Seiberlich (4 juillet 1921 – 24 mars 2006) qui a personnellement supervisé les demandes philatéliques des VIP, et même de certains qui n’avaient rien demandé.
C’est ainsi qu’il eut la suprême élégance de ne pas oublier l’ancienne première dame des Etats-Unis, Jacqueline Kennedy, la veuve de l’homme à l’origine du programme Apollo.