A l’automne 1944, Willy Ley (1906-1969) fait cette déclaration surprenante à l’ingénieur en aéronautique spécialiste des moteurs fusées, Arthur Valentine « Val » Cleaver (1917-1977), alors en visite aux Etats-Unis, dans le cadre d’une mission diligentée par le Ministère de la Défense britannique :
« Les missiles à longue portée (300 km !) ne sont pas économiquement rentables ni techniquement faisables, dans la mesure où l’on doit utiliser des ergols liquides, et comment peut-on imaginer que l’on puisse manipuler des milliers de tonnes d’oxygène liquide en période de guerre ? »
Cleaver, qui savait que des V2 venaient d’être lancés sur Londres, mais qui ne pouvait pas encore le divulguer, écouta patiemment et lui dit : « Ecoute Willy, si j’étais toi, je n’en serais pas si sûr ! »
Comme le précisera Arthur C. Clarke (1917-2008) : « Willy Ley a tout simplement sous-estimé l’ingéniosité et la détermination de ses anciens compatriotes, et ce, en dépit du fait qu’il était présent au début des expériences sur les fusées, en ce lieu qu’ils avaient baptisé de manière si optimiste, Raketenflugplatz, dans la banlieue de Berlin. »